Une mode qui ne se recycle pas et qui ne se dégrade pas naturellement
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En France, sur un an, 40 % des vêtements achetés sont jetés
Selon Oxfam France, 4 millions de tonnes de vêtements sont jetées par an en Europe, environ 3 kg de vêtements sont jetés par an par français et environ 9 kg de vêtements sont achetés par an par français. Toujours selon l'association de lutte contre les inégalités et la pauvreté, c'est l’équivalent d’une benne de vêtements qui est jetée chaque seconde dans le monde.
85 % des déchets retrouvés sur les plages sont des produits issus de l'industrie textile et chaque seconde dans le monde, l'équivalent d'un camion benne de vêtements est brûlé ou jeté.
Selon des chiffres avancés par Iznowgood rédactrice spécialiste de la mode écoresponsable, chaque année, les français se débarrassent de 240 000 tonnes de vêtements pour 600 000 tonnes de vêtements achetés, soit environ 40 % de vêtements achetés jetés annuellement.
D'autre part, selon le Parlement Européen, seulement la moitié des vêtements usagés est collectée et l'autre moitié est directement jetée.
Selon le rapport d'activité Re Fashion datant de 2020, en 2020 les français se sont débarrassés de 200 000 tonnes de produits textiles et chaussures collectées et 500 000 tonnes de produits textiles et chaussures ont été mis sur le marché en France la même année. Aussi, en 2020, 56,5 % des textiles donnés par les français ont été réutilisés et 95 % de ceux-ci ont été envoyés à l'étranger (principalement au Maghreb et en Afrique Sub-Saharienne), 33,3 % ont été recyclés (non-tissé pour le bâtiment, l'automobile, le rembourrage, les chiffons pour l'usage industriel et mécanique, les nouvelles fibres), 9,1 % ont servi de combustible industriel, 1,1 % ont été incinérés et pour 0,7 % de ceux-ci la chaleur a été récupérée sous forme d'énergie.
Ces textiles ont principalement été triés en France pour 83 % d'entre-eux et 17 % ont été triés dans des centres de tri en Europe. En réalité, sur les 107 350 tonnes de vêtements usagés envoyés au Magreb et en Afrique Sub-Saharienne par la France en 2020, 42 940 tonnes de ceux-ci ont, selon les estimations, terminé dans des décharges à ciel ouvert, comme l'ont montré l'émission Sur le front et le documentaire La montagne textile : le fardeau caché de notre gaspillage vestimentaire.
"En 2022 les français se sont débarrassés de 30 % de tonnes de produits textiles de plus qu'en 2020 et 40 % de tonnes de plus de produits textiles ont été mis sur le marché en France qu'en 2020."
Selon le rapport d'activité Re Fashion datant de 2022, en 2022 les français se sont débarrassés de 260 403 tonnes de produits textiles et chaussures collectées ou l'équivalent de 30 % de plus qu'en 2020. 826 935 tonnes de produits textiles et chaussures ont été mises sur le marché français en 2022 soit 3,3 milliards de produits textiles et chaussures mis sur le marché en France en 2022 ou l'équivalent de 40 % de plus qu'en 2020. Grâce à ces chiffres, l'on observe que les français continuent de jeter et de consommer toujours plus de produits textiles et chaussures, d'années en années.
Des montagnes de vêtements envoyées dans des décharges à ciel ouvert et situées dans les pays sous développés et en voie de développement
Chaque semaine 15 millions de vêtements usagés sont déposés au port d'Accra au Ghana où vivent 30 millions d'habitants, soit 780 millions de vêtements usagés réceptionnés en une année, l'équivalent de 26 fois la population locale. La Fondation Or, qui lutte contre les méfaits de l’industrie du textile dans ce pays s'est rendue à Paris en novembre 2022 afin de dénoncer la mauvaise qualité des vêtements envoyés au Ghana. La France y envoie 510 tonnes chaque année. Et, selon le média Reporterre.fr, sur l’ensemble des habits usagés envoyés au Ghana, près de 40 % finit dans les décharges ou dans la mer. Ces vêtements, qui stagnent dans des décharges à ciel ouvert, polluent l'air, les sols et les eaux. En effet, les substances toxiques présentes dans les teintures et les procédés de finissage textile des vêtements polluent les sols, les eaux et l'air. Aussi, les matières, notamment plastiques et donc issues du pétrole, telles que le polyester, ne se biodégradent pas et mettent jusqu'à 200 ans à se décomposer ce qui pollue durablement les sols, les eaux et l'air.
De plus, ce système est particulièrement injuste : en 2020, les entreprises ayant commercialisé des produits textiles et chaussures en France ont versé près de 34,5 millions d'euros d'éco-contributions à Re Fashion. L'éco-contribution est une part payée par les entreprises et elle sert à assurer le recyclage des produits qu'elles mettent sur le marché. La société Re Fashion est l’éco-organisme de la filière des Textiles d’habillement, Linge de maison et Chaussures (TLC) agréé par les pouvoirs publics français. Sa mission est de fédérer tous les acteurs de la filière pour développer l’éco-conception, la réutilisation et le recyclage des TLC en optimisant la gestion des ressources matières, financières et humaines.
"Jusqu'à 70 % des vêtements des lots, des "balles" achetés par les marchands finit directement dans les décharges à ciel ouvert, à cause de la trop forte usure des produits."
Seulement 1 % de vêtements collectés recyclés en vêtements neufs
- Les produits ne devraient pas être composés de plus de 5 % d'élasthanne car cela rend impossible le recyclage mécanique du tissu,
- La composition de la matière devrait être homogénéisée, soit une seule matière par produit,
- Les éléments perturbateurs devraient être rassemblés sur l’article afin de minimiser la perte de la matière et de gagner en temps de traitement au moment de les retirer du produit,
- Le nombre de coutures (surtout épaisses) devraient êtres minimisées sur le même article et les liages de pans par thermocollage devraient être privilégiés,
- Les fils d'élastique et les fils comportant du métal devraient être bannis,
- Les teintures claires des produits textiles pourraient être privilégiées,
- Les couleurs unies des produits textiles teintés devraient être privilégiées,
- Les procédés d'enduction, de flocage et d'apprêt chimique devraient être bannis,
- La colle et l'impression devraient être évités,
- Le tissu ou tricot jacquard, la maille jetée, le tissu avec fil Nm élevé (fil très fin) et le tissu ou tricot extensible devraient être bannis,
- Les zip, boutons, étiquettes rivets, épaulettes, anneaux, doublures, fonds de poche gênent le recyclage du produit, il est conseillé de ne conserver que l'essentiel de ceux-ci,
- Les écussons, dentelle, broderies, empiècements, strass, paillettes, perles, pompons, noeuds, pendentifs, breloques devraient être bannis et perturbent également le recyclage des produits textiles,
- Aussi, au moment du tri, les vêtements devraient être répartis par composition et par couleur et non par types d'articles.
- Remplacement de matières synthétiques par des matières naturelles (lin, chanvre, coton),
- Introduction de matières premières biosourcées ou biodégradables dans les produits,
- Préférence pour le monomatière,
- Limitation des points durs (zip, boutons, rivets), des multi couleurs et multi matières.
Les solutions proposées par la mode éco responsable pour limiter la pollution des vêtements après leur utilisation et favoriser leur recyclage
On revend et on donne ses vêtements usagés autour de soi (dépôts vente, vide-greniers).