La mode est faite de plastique et donc de pétrole

La mode est faite de plastique et donc de pétrole

L'extraction du pétrole, un accélérateur de réchauffement climatique

Le pétrole libère des polluants contenus dans les eaux usées rejetées par les raffineries, qui se composent d'huiles et de graisses, d'ammoniac, de composés de phénol, de sulfures, d'acides organiques, de chrome et autres métaux. Ceux-ci sont toxiques pour l'environnement et l'homme. Le dioxyde de carbone (CO2) et le méthane (CH4) sont tous deux des gaz à effet de serre. Le premier reste dans l'atmosphère une centaine d'années tandis que le méthane n'y reste qu'une douzaine d'années. L’augmentation de leur émission dans l’atmosphère est à l’origine du réchauffement climatique en cours. À l'échelle du siècle, le méthane est 25 fois plus puissant que le dioxyde de carbone en potentiel de réchauffement global (PRG). Selon le CNRS, les sites d’extraction du pétrole et du gaz relâchent plus de 25 tonnes de méthane par heure et cela correspondrait à seulement 10 % des émissions estimées du secteur. Ces fuites enregistrées ont un impact climatique comparable à celui de la circulation de 20 millions de véhicules pendant un an. En réalité, ce serait donc 250 tonnes de méthane par heure qui seraient relâchées des sites d'extraction du pétrole et du gaz, soit l'équivalent de la circulation de 200 millions de véhicules pendant un an, chaque heure. En 2022, 12,1 milliards de tonnes de CO2 ont été rejetées par l'énergie fossile pétrolière. Dans le monde, ce sont 20 à 30 millions de puits de pétrole et de gaz qui sont abandonnés par l’industrie pétrolière. Ils génèrent une vaste pollution des sols, aggravent le dérèglement climatique et nuisent à la santé en continuant de libérer du méthane, du pétrole et autres substances toxiques au fond des mers, dans l'air et sous la terre.

Des produits textiles en plastique qui pollueront l'environnement jusqu'à 200 ans après leur fabrication et à chacun de leurs lavages en machine

En 2021, 60,5 milliards de tonnes de polyester, fibre fabriquée à partir de pétrole, ont été produites dans le monde. 70% des fibres synthétiques produites dans le monde proviennent du pétrole et 80 % des fibres produites sont synthétiques. On estime qu'il faut 1,5 kg de pétrole pour produire 1 kg de polyester. En 2021, 90 milliards de tonnes de pétrole ont donc été nécessaires à la confection de fibres de polyester dans le monde, soit 1343 fois plus que la consommation intérieure française de produits pétroliers en 2021 ou la consommation intérieure française de produits pétroliers sur près d'un siècle et demi. Ces fibres synthétiques provenant du pétrole relâchent des microfibres plastiques à chaque lavage qui polluent l'eau et puis les sols. Ainsi, 240 000 tonnes de microparticules de plastiques sont relâchées dans l'environnement chaque année dans le monde soit l'équivalent de plus de 24 milliards de bouteilles plastiques ou de deux années et demie de consommation de bouteilles plastiques de la population française.

"Les vêtements synthétiques sont responsables de 35 % des microplastiques primaires rejetés dans l’eau et donc l'environnement."

Ainsi, selon le Parlement Européen, les vêtements synthétiques sont responsables de 35 % des microplastiques primaires rejetés dans l’eau et donc l'environnement. Une seule lessive de vêtements en polyester peut libérer 700 000 fibres microplastiques qui se retrouvent ensuite dans l'eau, dans les sols et dans la chaîne alimentaire.

Les solutions proposées par la mode écoresponsable pour limiter voire éliminer la pollution de l'environnement par les microplastiques, le plastique et le pétrole

Arrêter de consommer du pétrole lorsque cela n'est pas nécessaire, arrêter d'acheter des vêtements (neufs, recyclés, upcyclés ou réutilisés) fabriqués en fibres de polyester, nylon, acrylique, polyamide, élasthanne et spandex. Pour la lingerie, les manteaux, les maillots de bain, les vêtements de sport, les chaussettes, les chaussures, les collants ou la maroquinerie cela peut s'avérer compliqué de se passer de fibres ou de matières produites à partir de pétrole. Dans ce cas, il faut privilégier les produits réalisés en matière recyclée certifiés et étiquetés GRS (50 % de matière recyclée à l'intérieur du produit) ou en tissus upcyclés c'est-à-dire qui ne servent pas ou plus et à qui on offre une nouvelle vie (stocks dormants, seconde main upcyclée) certifiés Oeko-Tex Standard 100 ou Bluesign pour garantir d'une quantité extrêmement limitée de substances toxiques dans le produit. Pour la maroquinerie et les chaussures, le cuir tanné végétal et les plastiques biosourcés (fabriqués à base de végétaux, de déchets de végétaux) peuvent remplacer les matières entièrement réalisées à partir de pétrole, comme le polyuréthane, à condition, pour les plastiques biosourcés ou "cuir végétaux" qu'ils contiennent au moins 50 % de bioplastique. Pour l'ensemble des autres catégories du prêt-à-porter, inutile de porter ces fibres pétrochimiques. On évite d'utiliser des matières pétrochimiques comme le polyester (neuf, recyclé, upcyclé ou réutilisé) qui continuent de polluer pendant que nous les portons, dont les microplastiques se déversent au lavage dans les eaux et ne sont biodégradables. Dans l'habillement, de nombreuses matières naturelles, animales ou artificielles sont beaucoup moins polluantes et biodégradables comme le lin, le coton, le chanvre, la laine, la ramie, le jute, les textiles Lenzing : le Tencel, le Modal, l'Ecovero et le Refibra. On fait le choix de se tourner vers celles-ci, tout en vérifiant qu'elles soient certifiées mulesing-free pour la laine, GOTS pour le coton et toutes certifiés Oeko-Tex Standard 100 ou Bluesign pour garantir d'une quantité extrêmement limitée de substances toxiques dans le produit. On choisi de laver ses quelques vêtements réalisés en matière(s) plastique(s) avec un Guppy friend (une poche qui retient les microplastiques) ou on installe un filtre permettant de bloquer les microplastiques, lors du lavage, sur sa machine à laver.
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